Considéré comme le choc le plus brûlant de la Ligue 1, le derby tunisois restera toujours un moment privilégié.
Aujourd’hui, le Club Africain rencontre l’Espérance de Tunis, champion en titre et recordman de l’épreuve pour un match sans enjeu mais non dénué d’intérêt : «Je préfère gagner deux fois le derby que remporter un titre». Cette phrase, vous pourrez l’entendre tout au long de l’année si vous arpentez les longues rues étroites de Bab Souika et de Bab Jedid. Les vieux quartiers de la capitale tunisienne, le symbole de tous les excès que peut représenter le football, ne vivent qu’au rythme de la rivalité entre le CA et l’EST. Et pas uniquement les jours de derby.
Aujourd’hui, l’EST caracole, relève les défis, garnit son palmarès et s’inscrit dans la continuité. Le CA, par contre, poursuit sa chute inexorable et n’entrevoit pas le bout du tunnel.
Sauf que pour ces acteurs majeurs du football tunisien, l’implacable destin des uns et des autres se rejoint toujours le temps d’une explication entre frères ennemis.
Au-delà de l’enjeu, des forces en présence, les aspirations sont toujours les mêmes : en découdre pour la suprématie et sortir le grand jeu. Relativisons toutefois. Si, comme d’habitude, les fanas, les vrais, sont en effervescence, se livrant pour la plupart une véritable guerre psychologique d’avant-match, cette saison, le malheur des uns fait régulièrement le bonheur des autres.
Si l’Espérance vient à perdre, soyez certains que les supporters clubistes ne la rateront pas. Et vice versa. Même bien avant, le duel à distance n’a pas pris une ride, et ce, en dépit de préoccupations diamétralement opposées. En clair, tout le long de ce championnat, pour l’un, comme pour l’autre, apporter son soutien au club qui affronte son frère ennemi, c’est un sport national en Tunisie !
Cet après-midi, alors, lorsque l’heure des retrouvailles sonnera, c’est tout le cœur du Grand Tunis qui va battre la chamade.
Quels que soient le classement des équipes, les ambitions, c’est un match à part de la saison footballistique. Une occasion d’affirmer sa supériorité ou de regagner sa fierté.
Trouble-fête ou couronnement ?
En Ligue 1, si les derbys sont nombreux, celui de la capitale est moins bon enfant que d’autres. La tension y est vive. Quant à la passion, elle est toujours intacte.
Inutile aussi de rappeler que ce derby regorge d’anecdotes et de souvenirs mémorables avec une atmosphère toujours aussi tendue.
Ce faisant, pour le CA, il s’agit de recoller au podium et de ettre un peu de baume au cœur de la Curva nord.
Choc au scénario toujours aussi imprévisible, le derby permet souvent de faire table rase, de se laver de ces «péchés», se réhabiliter, s’amnistier ! Bref, se racheter en enfilant les habits du trouble-fête. En face maintenant, pour les «Sang et Or», il sera question de réconfort après l’effort. Gagner un derby, puis festoyer en brandissant le trophée de champion. C’est jouissif même si ce match compte pour du beurre. Le couronnement de toute une saison. Voilà à quoi ressemblera ce match pour le doyen des clubs tunisiens. Quitte donc à nous répéter, ce derby sans enjeu n’est pas dénué d’intérêt. Alors non, l’esprit du derby n’est pas mort, à l’instar de la pugnacité de ces inconditionnels qui incarneront parfaitement leur rôle de 12e homme, cet après-midi à Radès.
Pour le derby retour de cette année, il est clair que sur le fond, rien n’a changé. Sur la forme, en revanche, la situation a radicalement évolué avec un CA au plus mal et une EST toujours aussi performante. Une dynamique enrayée face à une mécanique bien huilée. Quel que soit l’état des deux équipes, ce derby suscitera, à n’en point douter, un engouement populaire toujours aussi fort.